Et si on concrétisait la coopération transfrontalière dans le cadre du projet d’agglomération à travers une planification directrice en ligne par le biais d’un site Internet partagé ?
Pour accompagner son plan local d’urbanisme (équivalent du plan directeur cantonal genevois), le Pays de Gex a créé un site internet remarquable ! www.paysdegex.concertationpublique.com
J’ai été impressionnée par son contenu et sa structure. Il permet de connaitre les enjeux, les délibérations et la position des élus, les aménagements et développements territoriaux prévus. Il est très complet, facile à comprendre et à utiliser car il est INTERACTIF. Chacun peut proposer une idée et les autres internautes se prononcer sur cette dernière, des propositions peuvent aussi être positionnées sur la carte interactive.
Attachée à la concertation, j’apprécie particulièrement que les élus gessiens « sollicitent ainsi l’expertise quotidienne de la population ». Qu’attend-on pour faire de même à Genève ? Allez donc chercher des infos sur le plan directeur cantonal sur le site de l’aménagement de Genève (ge.ch/amenagement/plan-directeur-cantonal-2030)… Les documents sont lourds à télécharger, ne sont pas reliés entre eux. Au niveau des cartes, il est impossible de voir ce qui a changé entre la version mise à l’enquête publique en 2011, celle adoptée par le Grand Conseil 2013 et celle mise à l’enquête publique à la fin de 2016, seule la dernière version est disponible. Mais le plus pénible est certainement le changement d’unités. Les logements et activités ne sont plus comptés en nombre de personnes mais en mètres carrés. Toute comparaison devient impossible. Quant aux mesures transfrontalières (par exemple les liaisons ferroviaires préconisées entre Genève, le Pays de Gex et la Haute-Savoie), il aurait été bienvenu de pouvoir comparer leur convergence grâce à une interaction entre les planifications françaises et genevoises, … grâce à une interface partagée.
L’élu porteur de ce projet gessien, c’est Vincent Scattolin, Vice-président de la Communauté de communes du pays de Gex (CCPG) chargé de l’aménagement du territoire. Or, professionnellement, il travaille à Genève, au DALE (département de l’aménagement, du logement et de l’énergie). Le lien est donc tout trouvé pour que notre aménagement cantonal utilise cet outil français. Nous avons déjà par le passé utilisé, avec succès, des outils français, je pense aux contrats de rivières. Nous partageons le même territoire, partageons et utilisons les mêmes outils et, on peut rêver, une même vision. Je serai donc ravie que le DALE concrétise pour le plan directeur cantonal 2030 cette idée de coopération transfrontalière dans le cadre du projet d’agglomération . Il n’est pas trop tard pour le faire, bien au contraire. L’enquête publique vient d’être lancée et la consultation s’étendra ensuite sur 2017 et 2018.
Certes, on ne peut pas être d’accord avec toutes les propositions faites par les gessiens en termes d’aménagement du territoire, pas plus d’ailleurs qu’on ne peut l’être avec celles de nos propres autorités. Mais je ne peux m’empêcher de relever que le Pays de Gex, contrairement à Genève, a pris conscience de ses propres limites et fixe en conséquence pour objectif dans son plan directeur de « se limiter à 120’000 habitants en 2030 ». Admettre une limite à la croissance devrait être le premier objectif de toute planification territoriale responsable et durable, celle dont tout découle. A Genève, on préfère prétendre que la croissance est inéluctable et qu’il faut s’y préparer via notre plan directeur cantonal dont le concept de base n’a pas changé : « Le canton de Genève est au centre d’une région très attractive, avec une très forte croissance démographique, largement supérieure à la moyenne européenne. L’enjeu est d’accompagner ce développement en garantissant la qualité du cadre de vie et en préservant les conditions d’une bonne dynamique économique ». Or servir la dynamique économique tout en garantissant le cadre de vie, c’est la quadrature du cercle dans lequel nous nous enfermons depuis toujours à Genève et qui a atteint aujourd’hui ses limites…
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