Pardon

D’abord je n’ai pas voulu lire l’article qui s’étalait en une de notre Tribune. Je n’avais pas envie d’être confrontée à ce qui allait me faire mal. Alors j’ai pensé à vous qui n’aviez pas le choix de tourner la page et je me suis forcée à surmonter ma lâcheté. J’ai lu le compte rendu de ce deuxième jour du procès : préparation minutieuse de l’accusé, horreur absolue des faits, débats d’experts, paroles de pervers et diagnostic accroché à un mot, dont dépendra le verdict que l’on peut sans préméditation déjà annoncer s’éloigner d’un internement à vie aussi sûrement qu’Adeline ne reviendra jamais à la vie. Chère Famille, j’ai les yeux plein de larmes tandis que je vous écris, mais mon chagrin n’est rien face à votre souffrance. Si l’assassin a sa part de responsabilité, il n’est pas le seul. Nos trois pouvoirs se sont surpassés eux aussi pour remuer le couteau dans la plaie : lâcheté et absence totale d’autocritique de l’Etat ; double peine à laquelle vous a condamné la Justice en vous soumettant par deux fois à la douleur d’un procès ; mutisme du Parlement dont la commission d’enquête a jeté aux oubliettes son rapport sur l’assassinat de votre fille Adeline. Rien ne vous aura été épargné. Sans que je ne puisse rien y changer, je tenais néanmoins à vous présenter mes excuses en mon nom personnel, en tant que députée, citoyenne genevoise et ancienne habitante d’Avusy. Pardon.

 

Lettre à la famille d’Adeline parue dans le courrier des lecteurs de la Tribune du 18 mai 2017

Courrier lecteurs Tribune_de_Genève__2017-05-18

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