Frustrée du budget 2012

Aujourd’hui, les propositions de coupes ou d’augmentation de budget se sont succédées, les motions d’ordre aussi, jusqu’à nous priver de débat. Ainsi, une fois de plus, les mêmes prestations ont échappé à la critique : l’aménagement et les investissements notamment.

Si je salue la réalisation d’un budget par prestation qui permet d’appréhender ces dernières pour ce qu’elles sont et ce qu’elles coûtent réellement, force est de constater aussi les limites du parlement de milice que nous sommes. Face au déficit grandissant, l’Etat a demandé aux hauts fonctionnaires, des départements, d’offices et  de services de revenir sur le métier, de se pencher chacun sur leur budget  pour parvenir à des coupes supplémentaires mais réfléchies, supportables, acceptables. Ce travail a pris du temps et a mobilisé nombre de personnel en interne et a abouti àla présentation à l’arraché d’un nouveau budget à la commission des finances. Et nous voici, aujourd’hui réunis pour relever le défi. D’aucuns prétendront être capables à nous 100, de faire mieux en un jour, que les autres en 100 et la commission des finances en en 10. Je ne suis pas membre de la commission des finances, et ne me sens l’âme d’une apprentie sorcière. En ce sens, le souci est partagé par le reste de l’UDC. Mais d’autres formations n’ont pas eu peur d’annoncer tout et son contraire, je ne prendrais en exemple que les amendements annoncés par le MCG qui, s’ils avaient été acceptés, auraient creusé le déficit de 82 millions…

Mais amender à la hache telle ou telle ligne budgétaire, c’est jouer un jeu dangereux. Le budget est un mikado dont le Grand Conseil  ne voit pas la plupart des pièces imbriquées. Sagement, l’UDC a préféré, et c’est une première, ne pas s’adonner à ce jeu irresponsable.

On ne peut à la fois vouloir la sécurité, et refuser les budgets, la justice et lui couper l’herbe sous les pieds, refuser la hausse d’impôts et mais aussi le budget. Le ninisme a vécu, l’UDC l’a compris et… à la surprise générale a voté le budget.

Ce qui n’empêchera pas l’UDC de rester attentive car les investissements consentis sont conséquents et plus que suffisants. Charger la barque dans les mois à venir serait téméraire alors même que partout la mer est en colère.

Alors quid de la frustration ?

Pour ma part, j’aurais souhaité m’exprimer sur une politique publique dévoreuse de deniers, celle de l’aménagement du territoire. Je n’ai pas pu le faire, faute de débat, alors je me rattrape par mon blog interposé.

Genève vit sur un trop grand pied, Genève vit au-dessus de ses moyens et tôt ou tard finira par se casser le nez. Notre politique d’aménagement du territoire a des conséquences budgétaires sur toute une série de politiques publiques. Le projet de plan directeur cantonal nous engage à construire partout, en même temps, pour 100’000 nouveaux habitants 50’000 logements de plus, le tout pour un prix démesuré et des besoins non avérés. Et l’administration s’active à cet objectif via les PSD (projets stratégiques de développement). Les conséquences de cette hyperactivité programmée c’est une pléthore d’études, de projets, de mandataires cachés dans des crédits d’études, des crédits d’investissement ou de construction.

On oublie que les investissements ont des répercussions sur le fonctionnement de l’Etat (chaque projet mobilisant nombre de fonctionnaires qui, du coup, ne peuvent plus faire le travail de base). Alors on engage des « agents spécialisés » (12) pour compléter les équipes, et assurer le suivi, des études à la réalisation des projets, dans les différents domaines touchés de fait par les projets du DCTI , le département en charge de l’aménagement et qui se trouve sous la responsabilité de Mark Muller. Au cœur du système, dans les services urbanistiques qui engendrent ces PSD,  c’est 16 agents qu’il faudra engager sans compter les coûteux honoraires versés à d’innombrables mandataires via d’autres rubriques.

Enfin, une fois les projets terminés, ce sont les coûts de fonctionnement qui prendront le relais et viendront gonfler les dépenses générales. La boucle est bouclée. Pour répondre aux besoins de vision démesurée du gouvernement, nous creusons le déficit et reportons la charge de la dette aux calendes grecques.

En matière d’aménagement, nous n’avons pas eu le courage d’admettre que nous ne pourrons jamais tout faire à la fois et surtout de le faire bien. Nous avons suivi un gouvernement qui s’obstine à ignorer ses limites et celle de notre territoire et tente de faire rentrer une baleine dans une boite de sardines. Me trouvant être une de ces sardines, j’ai plus que moyennement apprécié, et accepté, cette occupation étouffante de mon territoire.

16.12.2011

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