Asile, face à face

Force est de constater que la Suisse figure toujours et encore  parmi les pays européens confrontés au plus grand nombre de demandes d’asile, proportionnellement à leur population. Et la tendance est à nouveau à la hausse: le nombre de requêtes déposées est passé de 10’844 en 2007 à 22’551 en 2011. La barre des 30’000 demandes devrait être atteinte cette année. Ce sont les chiffres de l’Office fédéral des migrations.

Sur le terrain, les centres de requérants sont bondés et la situation alarmante. La criminalité et la violence impliquant des requérants d’asile trop souvent livrés à eux-mêmes et durant trop longtemps ne cessent d’augmenter. La population s’inquiète, les élus aussi.

Mais comment résoudre la situation pour le bien-être de tous et des plus nécessiteux avant tout ? Les communes sont de plus en plus réticentes à l’ouverture de nouveaux lieux d’hébergement alors même que leur propre population ne trouve plus à se loger. La Confédération n’a plus suffisamment de personnel et les cantons, dont Genève, n’ont plus assez de moyens pour faire face et à l’afflux de migrants et à leurs propres problèmes.

La maîtrise des procédures est un élément central du processus d’accueil. A l’évidence les nôtres ont atteint leur limite et il devenait urgent de les revoir.  Ainsi, le gouvernement fédéral a remis pour la dixième fois l’ouvrage de la révision de la loi sur l’asile sur le métier. Le parlement et les partis l’ont suivi.

Décider plus rapidement et restreindre l’attrait de la Suisse.

Le changement majeur est l’accélération de la procédure d’examen des demandes d’asile. Du dépôt de la demande à la décision finale, elle dure actuellement en moyenne 1400 jours. On l’a vu pour les ressortissants des Balkans, l’introduction de la procédure accélérée en 48 heures a permis de réduire, en trois mois, les demandes d’asile de 90% !

Les autres mesures adoptées (centres spéciaux pour requérants récalcitrants, restrictions au regroupement familial, limitation de l’octroi du statut de réfugié, suppression de l’aide sociale pour les requérants déboutés, sanction pécuniaire pour ceux qui ont commis des actes délictueux ou triché dans les procédures) permettront de réduire l’attrait de la Suisse. On l’a vu aussi pour les ressortissants des Balkans, ces derniers se tournent aujourd’hui vers des pays financièrement plus attirants.

Enfin, figure le fait que les déserteurs et les objecteurs de conscience ne seront plus reconnus automatiquement comme des réfugiés. Cette mesure, qui vise en particulier à limiter la hausse continue des requérants d’asile érythréens, est donc une mesure parmi tant d’autres et sa portée est à relativiser. Conformément à la Convention sur le statut des réfugiés, la Suisse continuera à accepter tous les exilés qui risquent de graves persécutions dans leur pays d’origine pour des raisons politiques ou religieuses, qu’ils soient déserteurs ou pas. C’est cela qui est le plus important dans un pays comme le nôtre qui tient à sa tradition d’accueil.

Publié dans le Face-à-Face de la Tribune de Genève du 20 décembre 2012

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