Abus de pouvoir

Vous n’êtes pas venu ici pour penser, mais pour faire les gestes qu’on vous commandera d’exécuter… Nous n’avons pas besoin d’imaginatifs dans notre usine. C’est de chimpanzés dont nous avons besoin… — (Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932)

Ainsi, dans le monde du commun des mortels, le mot exécuter signifie agir pour qu’une chose soit faite.

En politique, au niveau des pouvoirs, il en va bizarrement tout autrement. Si l’Exécutif représente en démocratie un des 3 pouvoirs exercés, en principe séparément,  dans la pratique, dans beaucoup de pays, le pouvoir exécutif détermine l’ensemble de la politique.  Il exerce une influence importante sur le pouvoir législatif  « Dans un régime européen (soi-disant « parlementaire »), cette influence est énorme, car il à l’initiative de la plupart des lois, fixe l’ordre du jour du Parlement et contrôle le vote des parlementaires à travers les partis politiques » (wikipedia)

A Genève, les Exécutifs ne se gênent pas pour exercer ce pouvoir tant au niveau cantonal que communal.

Si au niveau cantonal, plutôt que d’exercer son pouvoir de Législateur,  c’est le Grand Conseil lui-même qui se contente trop souvent d’être une chambre d’enregistrement en confiant  à l’Exécutif  le soin d’initier des lois, au communal cette prise de pouvoir des Exécutifs s’exerce à la hussarde. Par deux fois récemment, le Conseil administratif (l’équivalent communal du pouvoir exécutif) a refusé de s’exécuter pour appliquer les décisions prises par le Conseil municipal (l’équivalent  communal du pouvoir législatif).

  • A Lancy, le Conseil municipal demandait à son Exécutif d’intervenir auprès de l’Etat afin qu’il examine un projet d’aménagement initié par les habitants des Semailles. L’Exécutif a bel et bien écrit à l’Etat pour l’informer de la demande mais en soulignant qu’il n’était pas d’accord avec son Conseil municipal et qu’il s’en remettait à la décision de l’Etat !
  • A Chêne-Bougeries, l’Exécutif a refusé de transmettre à l’Etat la décision du Conseil municipal de faire recours contre le refus de l’Etat d’autoriser la commune à exercer son droit de préemption pour acheter une parcelle, dite de la Chevillarde.

En tant que députée et conseillère municipale, je suis inquiète et totalement choquée par cette manière de faire. Je crois en la démocratie et respecte le résultat des votes même s’ils ne me plaisent pas toujours. Ces Exécutifs qui se permettent d’ignorer les votes, de désavouer l’autre pouvoir, sèment la confusion, donnent une image déplorable de la politique et de ceux qui la pratiquent. Leur attitude ébranle irrémédiablement la confiance en nos institutions et tue  notre démocratie directe et fédéraliste. Le risque est de dégoûter tous ceux qui comme moi, se sont engagés par pur idéal, à travailler pour le bien commun, en espérant que leur voix fasse la différence et contribue à faire aboutir les idées et les projets qui leur tiennent à cœur et non pas pour remplir un rôle de figuration dans des hémicycles au pouvoir factice.

A la population, aux prochaines élections, d’exercer son pouvoir et de désavouer ceux qui dans ces Exécutifs qui abusent du leur.

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